Saint-Emilion : Berceau de la famille

Aujourd’hui implantée à Néac sur l’appellation Lalande de Pomerol, la famille CHATONNET est originaire de Saint-Emilion.

Grâce aux traces de plusieurs villas gallo-romaines, nous savons qu’il existe de façon certaine des vignes dans la région de Saint-Emilion depuis le IVe siècle. L’origine du nom de Saint-Emilion n’est pas parfaitement établie. Le moine Emilian, originaire de Vannes en Bretagne et ayant vécu au VIIIe siècle, aurait choisi de fixer son ermitage dans le roc calcaire à proximité d’une source d’eau pure. Sa sagesse et ses pouvoirs envers les malheureux et les démunis devinrent vite célèbres et attirèrent de nombreux pèlerins. Emilien Piganeau, historien, souligne qu’aux XII et XIIIe siècle, on trouve le nom de la ville orthographié « Sentmelion » ou « Semilione », qui viendrait du grec Sémélé ionê, « fontaine de Sémélé » (mère de Dionysos dieu Greque de la vigne et du vin) ; Saint Emilion signifierait donc littéralement « fontaine au milieu des vignes ».

Les CHATONNET sont des membres actifs de l’économie de Saint-Emilion depuis le XVe siècle et ont connu un développement important entre la fin du XVIe et le début du XVIIe. Le berceau originel de la famille se situe à St Martin de Mazerat, la paroisse la plus proche des murs de la cité médiévale. Ses membres exercent les métiers de marchands, de maîtres charpentiers de barriques et de vigneron. Dès le début du XVIIe, l’honorabilité de la famille leur accorde la collecte de la taille de la paroisse de St Martin. En se mariant avec Armand CANTENAT, Michelle CHATONNET fonde l’élite de la bourgeoisie viticole locale au XVIIe siècle. Elle enfantera Jeanne qui épousera Pierre BARAT aîné, et participe en 1766 à la fondation du cru d’AUSONE (anciennement Chapelle Madeleine, puis Cru Cantenat à la Madeleine jusqu’en 1781 puis ensuite Château Ausone, 1e Grand Cru Classé A), désormais propriété de la famille Vauthier.

Naissance de Haut-Chaigneau

Rachetée en ruine ou presque en 1967, André et Jeanine Chatonnet vont progressivement restaurer ce vignoble. Pendant près de 40 ans, les Vignobles Chatonnet vont faire l’objet d’améliorations constantes : drainage, replantation, sélections de fûts de chêne, choix du liège des bouchons, technique d’embouteillage au château, maintien d’une température idéale naturelle, rien n’est laissé au hasard.

La qualité et la renommée de leurs vins ont permis d’agrandir la surface de production et d’envisager la construction ambitieuse d’un édifice entièrement dédié au vin et à sa promotion : le Château Haut-Chaigneau.

Aujourd’hui encore, les fruits de ces attentions sont récoltés pour l’ensemble des vins produits par les Vignobles Chatonnet, régulièrement primés et médaillés.

Avec une production annuelle d’environ 150 000 bouteilles, les Vignobles Chatonnet font partie des propriétés incontournables de l’appellation Lalande de Pomerol. Nos vins sont distribués en France et à l’étranger par l’intermédiaire du négoce bordelais et d’importateurs directs. Nos produits sont également commercialisés par de nombreux cavistes et se retrouvent sur les tables de restaurants prestigieux.

Enfin, la vente aux particuliers, à la propriété comme à distance, nous permet de conserver un lien direct avec les consommateurs finaux et de partager avec eux notre passion du vin.

L’Histoire de la paroisse viticole de Néac et l’Appellation Lalande de Pomerol

« Il y a une méconnaissance assez partagée des terroirs de l’appellation Lalande de Pomerol, même parmi les spécialistes qui reconnaissent la qualité de Grands Vins à plusieurs de ses crus. Comment situer Lalande de Pomerol dans la hiérarchie des terroirs Libournais ? » 

Bernard-Henri ENJALBERT

« Chaigneau » est un hameau qui comprend au début XVIIIe siècle plusieurs métairies appartenant pour la plupart à André Garde, Notaire Royal à Néac. Il possède un patrimoine foncier et agricole important dans le Saint-Emilionnais à tel point qu’il tient avec minutie un « livre de Raison » que nous avons exploité. Il utilise tous les modes de faire-valoir, réservant (pas fou) la gestion directe, plus rémunératrice, aux terres viticoles.

Ayant acquis la « métairie de Chaigneau », il la fait évoluer vers une spécialisation viticole. C’est un signe qui ne trompe pas : dans cette sélection empirique des meilleurs terroirs viticoles, et parce que Chaigneau lui apporte grâce à des vins de qualité de grandes satisfactions et des revenus réguliers, il décide d’étendre là ses plantiers. Plus tard, il envoie aux négociants Libournais des barriques de « Chaigneau » « logées en neuf », ce qui est extrêmement rare dans la région à cette époque. A la fin du XVIIIe, le célèbre courtier Tastet-Lawton prendra le temps de consigner dans ses carnets « la capacité à bien se garder des vins de Chaigneau », caractéristique rarissime et capitale à cette période préhistorique de la science oenologique. Cocks & Féret à la fin du XIXe classent les vins du terroir de « Chaigneau », « Chevrol » ou « Chatain », sites actuels la propriété, parmi les crus bourgeois de l’époque en signalant que ces crus « se rapprochent beaucoup de ceux de Pomerol ». Tout ceci marque la reconnaissance de l’aptitude de « Chaigneau » à produire de Grands Vins.

Cette ancienneté viticole du site de « Chaigneau », c’est à dire des Châteaux Haut-Chaigneau et pour partie La Sergue d’aujourd’hui, est qualitativement très significative. Pourquoi ? Parce qu’au milieu du XVIIIe siècle, les meilleurs terroirs viticoles comme à Chaigneau sont déjà sélectionnés ! Les Chatonnet ont d’ailleurs participé à l’époque à cette sélection à St Emilion, alors qu’ils présidaient à la destinée de La Magdelaine et plus tard de Ausone avec Jean Cantenat. Depuis, la délimitation de ces périmètres de la qualité dans le Bordelais a peu évolué. Les vignobles se sont étendus, mais les « noyaux d’élites » sont les mêmes : trois siècles plus tard, presqu’aucun autre grand terroir nouveau n’a été « révélé ».