Texte de Pascal CHATONNET suite à l’article de Bernard BURTSCHY…

http://avis-vin.lefigaro.fr/primeurs/o120971-bordeaux-2015-les-primeurs-en-question

 « Les vendanges sont à peine terminées que fleurissent les articles sur la qualité supposée du millésime 2015, en particulier dans la presse non spécialisée. A lire ces articles, même dans les grands quotidiens, le millésime 2015 est un millésime grandissime, de la décennie, voire du siècle même ». En effet, comme le rappelle Bernard Burtschy dans le Figaro, « le seul effet d’annonce d’un grand millésime peut donner une impulsion au marché, ce qui ne fait pas de mal ».

Mais contrairement à ce qui est écrit, et comme tous les ans d’ailleurs, la réussite n’est pas générale et les situations sont nettement plus contrastées qu’il n’y parait. Le millésime 2015 est effectivement exceptionnel par sa qualité et surtout par son originalité. Se fondant sur les analyses passées, certains déjà, mais tous incompétents et pourtant très renommés, avaient prédit que 2003 serait un immense millésime. Les mêmes, il faut se le rappeler, étaient passés à côté du 2005…Ils l’ont (re)découvert dix ans plus tard. L’évolution des vins du millésime 2010, hyper médiatisé, n’incite pas non plus les désormais sceptiques à l’optimisme, mais, à part les caricatures encensées par les toujours mêmes spécialistes, il s’agit là vraiment d’un grand millésime, vous verrez.

L’Union des Grands Crus de Bordeaux vient de sonner l’arrêt des dégustations à l’aveugle, mais honnêtement qui n’a jamais goûté à l’aveugle en étant l’invité de l’UGCB…. ? Et qui oblige à goûter les vins de l’UGCB à Bordeaux, à l’aveugle ou pas d’ailleurs ? Seraient-ils les meilleurs ou les plus représentatifs ? Ne vaudrait-il pas mieux reprendre le bâton de pèlerin et chausser ses bottes plutôt que des escarpins pour aller découvrir ou redécouvrir la complexité d’une appellation au 7 500 « châteaux », sur deux rives et pas seulement une seule ?

« La dégustation des primeurs de Bordeaux est la seule au monde où les prix ne sont pas connus au moment de leurs présentations. Les châteaux attendent tranquillement la sortie des articles pour fixer leurs prix, ce qui n’est pas pour peu dans la spéculation, mais va directement à l’encontre du consommateur. Pourquoi visiter un concessionnaire automobile sans connaître le prix de la voiture » se lamente Bernard. Et il a mille fois raison ! Dorénavant, en ce qui me concerne du moins et je le recommanderai de même à toute ma petite sphère d’influence, je fixerai et afficherai les prix de nos vins au premier jour des Primeurs. Le rapport qualité/prix sera enfin peut être pris en compte par les fameux commentateurs et non moins fameux prescripteurs ; les mêmes qui se lamentent des prix excessifs de Bordeaux (en général bien sûr Bordeaux bashing oblige et non pas ceux de la douzaine d’happy few concernés) en les ayant fait eux-mêmes « monter »….Ne serait-ce pas symptomatique de la schizophrénie ? En fait moins de 4 % des crus sont concernés par cette spéculation qui n’oblige personne à la suivre mais on en fait bien entendu une généralisation déplorable.

«Il n’est d’aucun intérêt de publier une note de dégustation tant que le prix du vin n’est pas fixé. Dans tous les derniers millésimes, les grands bordeaux sont en dehors du marché. Quel intérêt de passer douze jours de dégustation et publier plus de cent pages de notes de dégustation, pour constater, un peu tard, qu’aucun de ces vins n’est dans le marché et que le grand perdant est le consommateur ? » conclu avec très juste raison Bernard. Mais sur toutes ces pages de notes, combien de redondances inutiles et d’occasions de réels plaisirs manquées par facilité, convenance ou paresse ? Parker fut le premier à mettre en valeur les sans-nom (pas les sans-dent !) à ses débuts….il changea bien vite ensuite….A quand le nouveau Parker ? Il se fait attendre. N’y aurait-il pas un problème de méthode et d’ambition ?

Pascal CHATONNET

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